Bonjour, comment allez-vous? Je suis ravie de vous présenter une nouvelle chronique, que vous trouverez ci-dessous.
Roman plus au moins éponyme, Les Immortelles est le majestueux nom donné aux prostituées de Port-au-Prince. Cette capitale (capitale haïtienne) regorge de « vices », d’us et de coutumes importés d’ici et d’ailleurs par les venus ou encore « moun vini » comme diraient les haïtiens. À travers cette histoire qui semble être entre fiction et vérité, réalité (ou même autofiction), Makenzy Orcel semble nous délivrer une histoire plutôt réaliste et véridique d’un moment de sa vie où il donnera la vie, la voix à une communauté stigmatisée dans une société encore plus marginalisée. Entre tabou, méconnaissances, et peut-être ignorance, nous allons à la manière de l’auteur, entrer dans l’intimité de ces Immortelles de Port-au-prince. En offrant son corps contre les services d’un écrivain, l’une des Immortelles va demander à Makenzy O. d’écrire à propos de sa « fille » (de substitution ou pas je me le demande encore).
La jeune Shakira, s’est échappée de son foyer initial pour vivre sa vie, avoir plus de liberté et surtout échapper à sa mère. Elle partira donc pour vivre, lire, imiter peut-être les personnages de Jacques Stephen Alexis (son auteur préféré). Shakira finira par se retrouver sur le trottoir, à vendre ses services, ses charmes; son corps, à qui les voudra, le voudra. Triste histoire pour certains, réalité pour d’autres, voilà le récit, un récit possible des Immortelles de Port-au-prince. L’histoire de Shakira deviendra l’histoire de toutes les prostituées depuis lors défuntes, après le fameux cataclysme du 12 Janvier 2010.
Ainsi comme le souhaitait Shakira de son « vivant » elle ne mourra jamais car désormais elle fait partie de l’histoire, d’un témoignage, d’un certain héritage, car elle a été gravée sur une page blanche, des pages blanches, elle fait l’objet d’une oeuvre. En référence totale avec le pays, les habitants, nous allons tomber et rebondir sur une routine, des routines méconnues certes mais bien réelles.
J’espère que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d’année et un bon début d’année!
Je vous présente donc un petit extrait:
« Tous les cris de la terre ont leur écho dans mon ventre.
Je m’appelle… En fait, mon nom importe peu. Les putains elles s’en foutent pas mal que tu sois écrivain ou goûteur de beignets. Tu les paies. Elles te font jouir. Et tu te casses après. Comme si de rien n’était. Pour nous autres, clients, c’est pareil: les noms, ça ne compte pas. C’est comme hurler à tout bout de champ que la terre est ronde. Que Dieu existe. Pourtant, la terre n’a pas toujours été aussi ronde que l’existence de Dieu… »Je suis écrivain. » C’est ce que je réponds quand on me demande ce que je fais dans la vie. Une affirmation qui pourtant sonne faux, à mon avis, puisque j’écris avec la mort et dans la mort. Ce lieu échappé à la pesanteur. À l’espace temps. Entre l’ailleurs et l’enfance… Au moment où arrivait cette chose, je relisais les Fleurs du mal. Baudelaire est un vrai oiseau de malheur. Il arrive toujours avec la mort au bec. La dernière fois, c’était une violente attaque nerveuse. » Page 11, Points-Sueil
C’est un roman que j’ai aimé lire et c’est via cette oeuvre que je suis entrée dans l’univers de l’auteur pour la première fois. Si vous l’avez lu, n’hésitez pas à partager vos impressions en commentaire.
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Bonne lecture et à bientôt pour de nouvelles aventures!