Hélène's Universe

Ambassadrice de la Littérature Afro-Caribéenne

Bonjour,

Mercredi (16 Octobre 2019), le lauréat du Prix de la Langue Française 2019 a été annoncé. Et c’est Louis-Philippe Dalembert qui remporte la récompense pour son dernier roman, paru cet été, aux éditions Sabine Wespieser; intitulé: Mur méditerranée.

Mais connaissez-vous l’auteur? Louis-Philippe Dalembert naît en Haïti, le 08 Décembre 1962, à Port-au-Prince. Il a été journaliste, il est également poète, nouvelliste, essayiste et; romancier. Son premier roman s’intitule: Le crayon du bon Dieu n’a pas de gomme, où une enfance dans le milieu religieux est décrite. Il va par la suite écrire de nombreuses œuvres: romans, nouvelles et bien d’autres. Il obtint également un certains nombre de prix: comme le Prix Orange du Livre en 2017 (pour ne citer que celui-ci) pour Avant que les ombres s’effacent.

Son nouveau roman, Mur méditerranée est un roman d’environ 320 pages qui nous raconte la traversée de migrants mais surtout de migrantes en Méditerranée. Ainsi, nous embarquons sur ce chalutier avec trois femmes issues de classes sociales différentes et aux trajectoires très différentes. Dima par exemple est une bourgeoise syrienne (qui fera le voyage avec sa famille: son mari et ses deux fillettes), une nigériane nommée Chochana qui rêve de déserter et enfin Semhar, de confession juive (ibo) une érythréenne qui fuit des conditions naturelles difficile: ici une sécheresse.

Mais ce roman ne nous invite pas qu’à suivre ces femmes sur ce bateau qui navigue vers Lampedusa, mais également la vie de ces femmes avant ce voyage qui devrait être salvateur, dans l’espoir de vivre une nouvelle vie en Europe.

L’érythréenne et la nigériane s’étant rencontrées bien plus tôt à Sabratha, une ville sur la côte libyenne suite à des semaines, puis des mois d’errance sur les routes passant de villes en villes et de véhicules en véhicules jusqu’à cet entrepôt, deviennent des amies.

La famille de Dima, elle, attend depuis déjà quatre semaines malgré leur statut social et les moyens dont la famille dispose.

 » LARGUEZ LES AMARRES!

LA NUIT FINISSAIT DE TOMBER sur Sabratha lorsque l’un des geôliers pénétra ans l’entrepôt. Le soleil s’était retiré d’un coup, cédant la place à un ciel d’encre d’où émergeait un croissant de lune pâlotte et les premières étoiles du désert limitrophe. L’homme tenait à la main une lampe torche allumée qu’il braqua sur la masse des corps enchevêtrés dans une poignante pagaille, à même le sol en béton brut ou, pour les plus chanceux, sur des nattes éparpillés çà et là. En dépit de la chaleur caniculaire à l’intérieur du bâtiment, les filles s’étaient repliées les unes contre les autres au seul bruit de la clé dans la serrure.

Mur méditerranée, Louis-Philippe DALEMBERT

Le 16 Juillet 2014, c’est enfin le grand départ, et il est grand temps d’embarquer pour la grande traverser. Sur le bâtiment de fortune, c’est une sorte de société qui naît. Les plus aisés voyagent sur le pont (comme Dima, ses deux filles et son époux), lorsque d’autres disposent de matelas afin de mieux traverser; et d’autres encore se contentent de se tasser dans la cale du bateau.

Les conditions difficiles du voyages, vont révéler le caractère des personnages, et nous (re)plonger dans une autre vie, la vie de chacune, avant la traversée dans leur pays originel. Elles ont toutes voulu fuir: la guerre, une dictature ou encore les aléas climatiques. Elle viennent en effet, toutes du continent africain, cependant elles pratiquent des religions différentes.

SEMHAR

Où un ancien guérillero devenu un cerbère à sandales, paranoïaque et alcoolique, prit en otage une population entière, multipliant les camps disciplinaires, les services militaires à rallonge, les disparitions ciblées et aléatoires, jusqu’à transformer son pays en un immense bagne et à pousser les plus valides à déserter les rives de la mer Rouge.

Mur méditerranée, Louis-Philippe Dalembert

C’est avec humour, que l’auteur nous offre une fiction très documentée, qui s’inspire d’une tragédie, un peu mal connue, le sauvetage d’un navire clandestin par le pétrolier danois Torm Lotte en 2014, au cours de l’été.

J’ai beaucoup aimé cet ouvrage car il inclut l’humour, les personnages sont travaillés, l’invention et la création sont là. Même si les sujets (l’exil et la migration) sont difficiles (selon moi), j’ai beaucoup aimé ce mélange de cultures, de langues, de pratiques religieuses. De plus, il y a des citations à l’ouverture de certaines parties de l’oeuvre, afin de donner le ton du « passage » (probablement). Ce roman est l’un de mes coups de cœur de la rentrée littéraire de cette année 2019.

Louis-Philippe Dalembert reste donc cet auteur haïtien qui écrit également sur la condition des êtres humains dans d’autres lieux du Monde. Le titre est ainsi très évocateur.

Je vous recommande donc cet ouvrage, et je vous souhaite de très bonnes lectures.


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Retrouvez la version poche du roman ici!


À bientôt!

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